mercredi 24 juillet 2013

| Saturday Fight Fever ¦ Warm Bodies / All The Boys Love Mandy Lane

Pour la cinquième édition du Saturday Fight Fever, je profite de la sortie aujourd'hui en DVD de Warm Bodies pour rendre hommage à son jeune réalisateur : Jonathan Levine.  Parallèlement à cette "romance zombiesque", je vais analyser son premier long-métrage, le thriller horrifique All The Boys Love Mandy Lane, inédit en salles chez nous.

Crouch, touch, pause... ENGAGE !


Warm Bodies
Comédie, romance, épouvante-horreur, USA, 2013, 1H37
Avec Nicholas Hoult, Teresa Palmer, Analeigh Tipton
Sortie le 20 mars 2013
All The Boys Love Mandy Lane
Thriller, épouvante-horreur, USA, 2010, 1H28
Avec Amber Heard, Anson Mount, Michael Welch
Sortie le 3 août 2010 en DVD

Le projet


Après Le Retour des morts-vivants 3 ou, plus récemment, Zombie Honeymoon, un nouveau long-métrage cherchant à découvrir ce qui se cache dans le cœur mort des zombies a débarqué au printemps dernier. Warm Bodies, adaptation du roman homonyme d'Isaac Marion et franc succès au box-office (près de 117 millions de $ amassés dans le Monde, pour un budget de 35M$), raconte une histoire d'amour peu ordinaire entre un "cadavre" et une jeune femme. Shakespeare chez Romero, voilà à peu près ce que nous propose Jonathan Levine, son réalisateur, pour son quatrième film... 


Sept ans avant Warm Bodies, Jonathan Levine sortait All The Boys Love Mandy Lane (Tous les garçons aiment Mandy Lane, en français). Présenté dans de nombreux festivals entre 2006 et 2008, All The Boys Love Mandy Lane n'était toujours pas sorti en salles sur le sol américain, jusqu'à cet été. Inédit également en France jusqu'en 2010 (date de sa sortie en DVD), il a longtemps payé son statut d’œuvre indépendante, et n'a que moyennement convaincu critiques et spectateurs. Pourtant, le mélange d'un slasher classique (plusieurs jeunes isolés dans une maison se font traquer et tuer les uns après les autres) avec le concept de femme fatale (la sublime Amber Heard) avait de quoi me séduire.

Deux projets pas très originaux, attirants mais que j'ai mis du temps à regarder. Il faut dire que Warm Bodies n'est pas resté longtemps à l'affiche, et All The Boys Love Mandy Lane est sorti directement en DVD... Les deux projets se valaient, match nul : 3 seringues de chaque côté.


L'histoire

 

Comme souvent dans les films d'infectés où l'épidémie est installée, Warm Bodies commence par montrer au spectateur l'ampleur du désastre. Originalité ici : le point de vue est celui du zombie. Plus précisément d'un zombie, un jeune homme qui a tout oublié de sa vie de vivant, jusqu'à son prénom (il sera rebaptisé "R", en hommage à la première lettre de ce dernier). Cette phase d'approche est amusante ("R" énumère rapidement les différentes possibilités de l'origine de la pandémie, ce qui donne lieu à plusieurs clins d’œil), et ce personnage semble plus intelligent que la moyenne des morts-vivants. La suite n'est pas surprenante : il fait la rencontre de Julie (le rapport avec Roméo et Juliette est presque trop évident), et se met à développer des sentiments, et à redevenir vivant...

All The Boys Love Mandy Lane narre l'histoire d'une jeune adolescente belle et innocente, la sus-nommée Mandy Lane, qui enflamme le cœur de tous les garçons de son lycée texan. Après une tragédie survenue lors d'une fête (un de ses prétendants, provoqué par son meilleur ami Emmett, s'est tué en cherchant à l’impressionner), la demoiselle vit comme recluse, et n'adresse plus la parole à Emmett. Jusqu'au jour où elle accepte de rejoindre pour un week-end une poignée de jeunes gens (trois garçons, deux filles) à l'occasion d'une fête dans un ranch familial. Cet endroit, forcément isolé, va donner lieu à une suite de meurtres sanglant, faisant basculer cet inquiétant thriller aux allures de "teenage movie" dans un slasher pur et dur.

Fruits de deux genres très en vogue, Warm Bodies et All The Boys Love Mandy Lane ne font pas dans l'originalité. Pourtant, le premier choisit de revisiter le mythe du zombie en rendant les siens plus humains. Un parti pris qui lui vaut de l'emporter : 4 seringues à 2.



Les acteurs

 

Pour camper son zombie romantique, le fameux "R", Jonathan Levine a opté pour un acteur très en vogue : le jeune Nicholas Hoult. L'Anglais, révélé par la série Skins (les deux premières saisons, version UK) avait déjà tapé dans l'oeil de Bryan Singer, qui lui a offert un rôle dans ses deux X-Men, et dans Jack, le chasseur de géants. Il maîtrise bien son rôle de mort-vivant, même si l'évolution du scénario lui complique la tâche (jouer un zombie qui peu à peu récupère ses aptitudes et capacités, c'est de l'inédit !). Face à lui, la jolie Julie est jouée par Teresa Palmer, une Australienne de 27 ans déjà aperçue dans Numéro Quatre, et encensée dans 2h37. Le reste du casting comprend deux noms plutôt connus : John Malkovich en chef de la résistance, et Dave Franco, l'ex-petit ami de l'héroïne dont "R" mange avec attention le cerveau...


En face, alors que la réussite du film reposait sur ses épaules, c'est la jeune Amber Heard (20 ans au moment de la sortie) qui incarne Mandy Lane. Débutante (sa première expérience au cinéma datait de 2004, dans Friday Night Lights de Peter Berg), elle est pourtant magnifique dans son rôle aux multiples facettes. Aussi envoutante que dans Alpha Dog (sorti la même année), elle étoffe son jeu d'une furie hystérique insoupçonnée qui augmente sensiblement le niveau et l'intérêt du premier film de Jonathan Levine. On est persuadé que le réalisateur a fait le bon choix. A ses côtés, la poignée de jeunes acteurs se débrouillent très bien, à commencer par Michael Welch, qui joue le meilleur ami de Mandy Lane, et qu'on a pu voir dans tous les Twilight. All The Boys Love Mandy Lane demandait pourtant un exercice peu évident où il faut souvent crier, hurler, et mourir.


Grâce à sa jeune interprète Amber Heard qui joue à merveille l'innocence tout en réveillant le frisson chez le spectateur, All The Boys Love Mandy Lane remporte ce duel. Quatre seringues, contre trois..


L'environnement

 

D'un terminal d'aéroport (et son avion vidé, et transformé en habitation par notre zombie "R") à une banlieue pavillonnaire abandonnée, en passant par des routes désertiques et une ville fortifiée berceau de la "nouvelle humanité", Warm Bodies nous fait voyager dans un univers apocalyptique très "réaliste". Le réalisateur privilégie les plans serrés aux grandes envolées, mais l'atmosphère et l'ambiance zombiesque sont bien restituées. Les nombreux morts-vivants qui jalonnent le parcours de nos deux amoureux termine de nous rappeler dans quel genre de film nous sommes ! Un bon point également : la musique, excellente, qui est également un moyen original de communiquer pour "R" et Julie...

All The Boys Love Mandy Lane propose des décors très simples. On se situe entre l'univers d'une série pour riches adolescents américains (comme Newport Beach), notamment au tout début, et celui d'un film d'horreur plus traditionnel (à l'image d'un Vendredi 13) avec sa grande maison isolée de tout. On a donc la piscine en début de film, avec alcool et bikinis, et ensuite des champs, de la boue et du sang quand ça se complique pour nos amis. Un choix sobre mais judicieux, donc, tout comme les musiques du long-métrages, qui alternent morceaux d'accompagnement discrets et une ambiance plus suffocante pour les instants de haute tension.


Jonathan Levine respecte les genres auxquels il se frotte, mais on note une évolution positive en ce qui concerne Warm Bodies, qui l'emporte encore, quatre seringues contre trois.


La réalisation


Après un slasher-thriller (voir ci-après), et deux comédies dramatiques (Wackness et 50/50), Jonathan Levine a semble-t-il opéré un mélange des deux. En tout cas, il a ajouté du sang à sa comédie. Il a sorti une des meilleures romances de zombies, et l'a fait avec style. Dans Warm Bodies, l'humour est très présent (on pense aux nombreuses occupations de "R" et Julie dans l'avion), tout comme les clins d’œil (outre ceux aux autres productions de morts-vivants, il y a la scène du balcon, qui fait échos à Roméo et Juliette). La photo est également fabuleuse, et l'idée générale (de redonner vie aux morts grâce à l'amour) est diablement bien assimilée. Ces cœurs rouges qui s'embrasent, c'est du plus bel effet. Seul bémol : l'animation assez moche des "osseux", ces zombies en décompositions avancée, les méchants méchants.

Pour son premier film, Jonathan Levine s'en était également très bien sorti avec All The Boys Love Mandy Lane. Déjà, on pouvait déceler chez le garçon un talent inné pour la mise en scène (d'autant plus voyant dans un film de genre), et pour une esthétique sublimant le jeu de ses acteurs (là encore, c'est marquant avec des gros plans sur des visages ensanglantés, terrifiés, à bout de souffle...). Il a tout simplement offert à Amber Heard le rôle sinon de sa vie, celui du début de sa carrière. Pour le reste c'est très bon : atmosphère, histoire, dénouement, tout tient la route. On est pris aux tripes et maintenu sous tension constamment. Ce film était, déjà, la promesse d'une grande carrière pour son réalisateur.

Qu'il s'agisse du premier ou du quatrième film, Jonathan Levine maîtrise son sujet. Il raconte son histoire avec brio, que ce soit une comédie, un film d'épouvante ou un peu des deux. Quatre seringues de chaque côté.

La critique



Je dois l'avouer, après avoir été excité par le projet, j'avais réfréné mon envie de voir Warm Bodies pour une raison : je suis un grand amateur de zombies. Et pour moi, un bon zombie est un zombie mort. Au sens propre, comme au figuré, d'ailleurs. Il ne peut exister d'échappatoire quand on est devenu zombie, comme il ne peut y avoir de gentil zombie. Pourtant, me laissant prendre au jeu, je me suis mis à aimer ce long-métrage. Déjà parce que, techniquement, il était presque parfait (jusqu'à son traitement du zombie LENT), et ensuite parce qu'il était frais. La façon de faire parler "R" dans sa tête et de le promouvoir narrateur, et ainsi de lui faire parler de ces innombrables problèmes dont souffrent les siens (ne pas pouvoir communiquer, marcher très LENTEMENT, avoir sans arrêt faim et dévorer des cerveaux même contre son gré, etc.) fonctionne merveilleusement bien. C'est d'abord drôle, et l'humour aidant on accepte le fait que le zombie a une conscience, et que celle-ci va grandir, avec ses sentiments, jusqu'à faire revivre son enveloppe corporelle. Il y a de l'espoir derrière cette idée "fantastique", et un message humaniste qui transcende tout le film.

Beaucoup moins excitante ou intelligente dans sa manière de revisiter le slasher-thriller, All The Boys Love Mandy Lane n'en reste pas moins une œuvre unique. C'est un premier film, déjà, et en cela il mérite toute notre attention. C'est une réussite ensuite, du point de vue de l'horreur qu'il procure, et des sentiments que réussit à faire passer sa protagoniste principale. Oui, encore, le point fort de ce film est Amber Heard. Je ne peux vous expliquer cette scène sans vous spoiler l'ensemble, mais sachez qu'une séquence vers la fin du long-métrage vaut à elle-seule le détour. Rassurez-vous c'est plus qu'un simple twist, on est dans la grande performance d'acteur, toujours entre hystérie et contrôle de soi. Pour sa totalité, finalement, le premier film de Jonathan Levine est un très grand film, un de ceux qui marquent durablement.

On touche à l'excellence dans les deux cas : quatre seringues pour Warm Bodies, comme pour All The Boys Love Mandy Lane.


Le verdict


A la fois comédie romantique et film de zombies, Warm Bodies a su réveiller en moi l'excitation, comme il a su faire brûler le feu de l'amour dans le cœur de "R"... C'est donc gagné ! Pour ce Fight Fever particulier (jamais auparavant je n'avais opposé deux films aussi... différents), la fraîcheur, l'humour et l'ingéniosité l'emportent donc sur les frissons et la frénésie hystérique et meurtrière... Oui, aussi bizarre que celui puisse paraître, je parle d'un zombie hideux et d'une frêle et belle jeune fille. Mais l'écart entre les deux est très petit (deux seringues), et si Warm Bodies est désormais disponible en DVD et Blu-Ray, je vous conseille très fortement de mettre la main sur All The Boys Love Mandy Lane ! Sur ce, bon mercredi et à très bientôt, pour un nouveau combat fiévreux du... samedi !


2 commentaires:

  1. félicitation pour ton blog, ça doit demander un grand investissement!
    Pour ce qui est de la critique de ce film, je pense qu'on peut pointer du doigt le fait qu'au delà d'une histoire de zombies, c'est une critique de la société et de la dépersonnalisation consécutive au mode de vie occidental. C'est une touche d'espoir.
    Caricaturalement parlant ça donne un truc du style, le méchant homme d'affaire qui ne pense que matériellement parlant (argent) peut être ré-humanisé...
    Ceci n'est que mon avis mais j'y crois dur comme fer!^^

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ton commentaire (et concernant le blog, c'est comme tout, ça demande de l'investissement mais tant qu'à la base il y a de l'envie et de la passion...)

    Concernant l'interprétation c'est tout à fait possible. Après tout, cette stigmatisation de la société de consommation est le trait le plus marquant du meilleur film de zombies de tous les temps : "Zombie" ("Dawn of the Dead") de Romero. Donc oui, c'est possible. Même si dans Warm Bodies, ce qui me frappe encore plus c'est l'histoire d'amour entre deux être différents, que tout oppose. Une sorte de Roméo & Juilette (les prénoms du film - et du livre avant lui - n'ont pas été choisi par hasard, c'est impossible) dans un contexte postapocalyptique. Cependant, le début du film montre notamment des zombies refaire machinalement des gestes qu'ils faisaient étant humains (aller à l'aéroport, aux centres commerciaux, etc.), ceci pouvant stigmatiser des comportements de "machine", d'êtres abrutis par la société...

    Bref, c'est sans fin ! ;)

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...