mercredi 3 juillet 2013

| Avis ¦ The Bay, l'horreur retrouvée


The Bay de Barry Levinson


Épouvante-horreur, found footage, USA, 2013, 1H28
Avec Kristen Connolly, Christopher Denham, Nansi Aluka
Sortie le 19 juin 2013


L'objectif : La petite ville côtière de Chesapeake Bay, dans le Maryland (USA), doit sa prospérité à l’élément aquatique. Lorsque deux biologistes français relèvent un affolant niveau de toxicité de l'eau et tentent d’alerter le maire, ce dernier refuse de semer la panique dans sa paisible cité. Inaction fatale, puisqu'une épidémie mortelle ne tarde pas à se répandre, qui voit les habitants se transformer en hôtes de parasites mutants qui dévorent leurs corps de l'intérieur, plongeant la petite bourgade de Cheaspeake Bay dans l'horreur.



Le subjectif : Bien que déjà utilisé dans d'autres films (Cannibal Holocaust, C'est arrivé près de chez vous, etc.), le found footage s'est imposé comme un genre d'horreur à part entière avec le succès du Projet Blair-Witch, il y a quatorze ans. Signifiant littéralement "métrage trouvé", cette technique permet, outre de favoriser l'immersion, de monter un long-métrage à moindre coût. En effet, le film projeté aux spectateurs est censé être le même qui a été retrouvé, et la qualité n'a donc pas besoin d'être au rendez-vous. Seules la crédibilité et la cohérence des images importent. Parmi les films les plus connus, on compte les deux sagas Paranormal Activity et REC, mais il y a également eu Cloverfield, Monster, The Troll Hunter, ou Le dernier exorcisme, avec des résultats inégaux. Même le roi des zombies, George A. Romero, s'y est essayé avec sa Chronique des morts-vivants. Aujourd'hui, c'est un autre septuagénaire, et pas n'importe lequel, qui s'y colle dans The Bay : Barry Levinson.

Vingt-cinq ans après Rain Man, le réalisateur revient dans un registre où personne ne l'attendait. Initialement prévu pour être un (vrai) documentaire sur d'étranges phénomènes survenus en 2011 aux États-Unis (chute d'oiseaux morts, infestation de rivières par des cadavres de poissons, etc.), The Bay a conservé son contexte réaliste, tout en devenant une œuvre de fiction. La forme, elle, n'a pratiquement pas changée, grâce à la technique du found footage. Le film est présenté comme étant l'assemblage de toutes les sources vidéos et photos liées à cet événement, survenu le 4 juillet 2009 à Chesapeake Bay, dans le Maryland. Il est censé lever le voile sur une catastrophe écologique que les forces publiques (mairie, gouvernement, FBI, organisme de prévention et contrôle des maladies, etc.) ont, au mieux, mal appréciés, ou, au pire, essayé de cacher.
Une réussite du point de vue du fond, comme de la forme

Présente sur place pour couvrir les célébrations de la fête nationale, la jeune journaliste Donna Thompson commente ainsi, plusieurs années après, l'intégralité des images : son propre reportage, une enquête réalisée en amont par des scientifiques, ainsi que tout ce qui a été enregistré à ce moment-là (journaux télévisés, caméras de surveillance et de la police, smartphones, conversations Skype, etc.). Outre cette reporter (Kether Donohue), le faux-vrai documentaire ne comporte aucune tête d'affiche, peut-être pour ne pas perdre de vue sa ligne de conduite : la crédibilité. Même chose avec l'origine de la catastrophe que l'enquête dénonce : elle est suffisamment documentée et illustrée scientifiquement pour qu'elle reste plausible. Et celle-ci n'est pas une infection virale, comme c'est le cas dans la plupart des "films de zombies". La contamination est l’œuvre d'un isopode, le cymothoa exigua, qui a pour habitude de remplacer la langue des poissons.
 
Favorisé par un environnement aquatique riche en nutriments (je vous laisse découvrir pourquoi), ce parasite s'est développé dans des proportions alarmantes. Se multipliant et grossissant dans la baie comme dans l'eau des habitations, l'isopode a vite fait de s'intéresser à autre chose qu'aux poissons. The Bay retrace en l'espace d'une journée l'évolution de cette contamination, qui s'explique entre autres par des décisions politiques et environnementales plus que douteuses. Réalisateur de talent, Barry Levinson révèle bien sûr progressivement toutes ces explications, et fait monter petit à petit à la pression. Si on est loin des effets horrifiques du genre (pas de horde de zombies, pas vraiment d'attaques frontales entre infectés et personnes saines), le résultat est excellent. La tension est constante, renforcée par la crédibilité du scénario qui est de son côté rehaussée par l'utilisation respectueuse du found footage. Une belle réussite, autant du point de vue du fond, que de la forme.

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