dimanche 24 janvier 2010

| Avis ¦ Esther, terreur des bacs à sable


Esther de Jaume Collet-Serra


Épouvante-horreur, USA, 2009, 2H03
Avec Peter Sarsgaard, Vera Farmiga, Isabelle Fuhrman
Sortie le 30 décembre 2009 


L'objectif : Après avoir perdu l'enfant qu'elle attendait, la fragile Kate voit ressurgir les douloureux souvenirs d'un passé qu'elle préférerait oublier. Hantée par des cauchemars récurrents, et décidée à retrouver une vie de couple équilibrée, elle fait le choix, avec son compagnon John, d'adopter un enfant. A l'orphelinat voisin, Kate et John se sentent étrangement attirés par une fillette, Esther. Mais Kate ne tarde pas à découvrir la face cachée de la " douce " enfant. Autour d'elle, personne n'a rien remarqué, et nul ne semble partager ses doutes et ses inquiétudes...


Le subjectif : Après les succès de l'horreur espagnole ([REC], L'Orphelinat, Fragile, Abandonnée...), celle-ci tend à s'exporter hors d'Espagne. Tout comme Aménabar (Les Autres) ou Fresnadillo (28 Semaines Plus Tard), Jaume Collet-Serra est de ces ambassadeurs. Déjà coutumier du fait avec La Maison de Cire (de très bonne facture), le réalisateur barcelonais s'attaque avec Esther au genre de la possession...


Comme souvent avec le cinéma de genre espagnol, c'est l'atmosphère qui est l'élément clé de la terreur. L'incipit du film - les premières séquences - est assez génial. Il met en scène Vera Farmiga (qui joue la mère) sur le point d'accoucher d'un bébé mort-né. Le grain de l'image, la couleur passablement opaque laissent penser que tout cela n'est qu'un rêve (ou un cauchemar). En réalité, le passage a deux avantages : plonger le spectateur dans l'ambiance tordue du film (l'infirmière qui annonce la mort du bébé d'un ton sec, presque complaisant) et lui introduire le caractère fragile et fragilisé de la mère – personnage central du long-métrage.

Le reste du film fonctionne en dents de scie, avec plusieurs « pics » de stress et de terreur, grâce notamment au personnage d'Esther. Plus l'intrigue avance, plus le spectateur comprend la nature de la petite fille. Et même si, au début du long-métrage, le spectateur sait qu'elle n'est pas aussi gentille qu'elle le laisse croire, l'apparition de sa violence le foudroie de terreur sur son siège. Avec une ambiance tendue et ces instants d'horreur brute et abrupte, Esther remplit donc son contrat.



Concernant l'intérêt du film dans sa longueur, c'est plus discutable. Inquiétant, effrayant, Esther n'arrive cependant pas à faire peur tout du long. L'intrigue étant avant tout située dans un huis-clos, le spectateur connait les victimes, et le méchant. Or, pour ménager le suspense, ce dernier ne peut pas l'être tout le temps, sinon le métrage ne durerait que quelques minutes. Certains choix scénaristiques sont également discutables, tout comme certaines incohérences généralement inhérentes à ce genre de film (la condition physique de la gamine).

Finalement, hormis l'aspect horreur un poil trop en retrait, Esther marque surtout par la qualité de son « jeu de famille. » Le film voit la dégradation du statut maternel (celle-ci est tout simplement considérée comme folle) et pose la question des relations familiales. Faut-il se battre pour sauver cet esprit, au risque de se perdre soi-même ? A ce titre, le twist final est intéressant. D'un point de vue plus classique, il n'est qu'un subterfuge pour arranger de façon détournée le problème moral et scientifique (surtout) que pose la possession. Esther demeure un film réussi, avec des acteurs de grande qualité et une ambiance immersive.

3 commentaires:

  1. J'ai bien aimé ce film, je ne m'attendais pas à cette fin là. Et ton article est très bien très cher. Par contre j'ai pas compris pourquoi tu parles de possession...

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  2. merci merci c'est trop! ^^
    pour la possession, ben je pensais que le trip "enfant possédée qui fout la trouille" était l'intrigue du film, avant qu'on ne progresse dans l'histoire...
    mais je me rends compte vu ta réaction et celle d'Adrien que ce n'est pas si évident...

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  3. Je suis assez d'accord avec Anaïs et Adrien, ton histoire de possession n'est pas du tout évidente dans ta critique. Alors que là, c'est mieux développé. Je comprends mieux et je peux même dire que je suis plutôt de ton avis, puisque pendant les trois-quart du film on n'entrevoit que deux raisons au comportement d'Esther : la folie ou la possession.
    PS : bouge toi le cul de faire d'autres critiques, putain, je suis en manque !!!

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