| Avis ¦ Watchmen, au bonheur des fans

Watchmen de Zack Snyder

Action, SF, drame, USA-UK, 2008, 2H43

Avec Jackie Earle Haley, Patrick Wilson, Malin Akerman

Sortie le 4 mars 2009

L'objectif : Aventure à la fois complexe et mystérieuse sur plusieurs niveaux, "Watchmen - Les Gardiens" - se passe dans une Amérique alternative de 1985 où les super-héros font partie du quotidien et où l'Horloge de l'Apocalypse -symbole de la tension entre les États-Unis et l'Union Soviétique- indique en permanence minuit moins cinq. Lorsque l'un de ses anciens collègues est assassiné, Rorschach, un justicier masqué un peu à plat mais non moins déterminé, va découvrir un complot qui menace de tuer et de discréditer tous les super-héros du passé et du présent. Alors qu'il reprend contact avec son ancienne légion de justiciers -un groupe hétéroclite de super-héros retraités, seul l'un d'entre-eux possède de véritables pouvoirs- Rorschach entrevoit un complot inquiétant et de grande envergure lié à leur passé commun et qui aura des conséquences catastrophiques pour le futur. Leur mission est de protéger l'humanité... Mais qui veille sur ces gardiens ?

Le subjectif : Après 300, Zack Snyder emporte le spectateur dans une nouvelle adaptation musclée d'une œuvre culte. Si Watchmen reste fidèle à la BD, il ne révolutionne pas le cinéma.

Watchmen est un roman graphique né de l'autre côté de l'Atlantique sous la plume d'Alan Moore et Dave Gibbons. Publié de 1986 à 87, il raconte - comme le film - une réalité alternative où des super-héros, qui ont cessé leur activité, sont menacés de disparition. Le climat y est apocalyptique puisque l'Humanité est sur le point de subir une Troisième Guerre mondiale. La BD a rapidement été élevée au statut d'œuvre culte. Son adaptation cinématographique, longtemps fantasmée, paraissait impossible.


Watchmen au cinéma n'aurait pas rendu grâce à la complexité, à la profondeur de l'original sur papier. Terry Gilliam, Darren Aronofsky et Paul Greengrass s'y sont ainsi cassés les dents. Mais en 2007, Zack Snyder bluffe son monde en sortant l'adaptation du 300 de Franck Miller. Merveille visuelle, son film conquiert le cœur des fans aussi bien que celui des producteurs. Le réalisateur de L'Armée des Morts - remake explosif du Zombie de George A. Romero – apparaît comme le parfait candidat. Ancien étudiant en peinture en Angleterre, il affiche des aptitudes esthétiques hors pair. Classé parmis les 25 personnes les plus intelligentes d'Hollywood par le magazine Weekly, Zack Snyder sait finalement faire du cinéma d'aujourd'hui : détonnant et réfléchi.

Une adaptation (trop) fidèle

Watchmen au cinéma doit être jouissif visuellement, et reflexif sur le sort des super héros. Snyder a la lourde tâche de satisfaire en moins de 3h les lecteurs exigeants des 12 chapitres du roman. Il réussit à insufler à son film la profondeur du modèle, grâce notamment à l'aide de son dessinateur Dave Gibbons. L'univers graphique est parfaitement soigné par Snyder, comme à son habitude. Les moments plus philosophiques entre les personnages sont moins efficaces que les scènes d'action mais ils reprennent trait pour trait le scénario d'Alan Moore, et sont indispensables. L'idée générale n'est donc pas bafouée, et les acteurs ne s'en sortent pas trop mal sous les costumes moulants et colorés des Hibou, Rorsach ou Ozymandias.

Watchmen de Zack Snyder n'est pourtant pas un chef d'œuvre. L'accumulation des ralentis durant les combats ou la lenteur de certains passages ne servent pas le spectacle. Tout comme l'impossibilité d'identification qui rend le film opaque à qui n'admire pas la BD. Qui aurait inventé les rayons lasers et les vaisseaux spatiaux en oubliant d'améliorer les postes de télé cathodiques ? Si le roman était réellement visionnaire, le film, qui lui rend un parfait hommage et qui réussit le pari incroyable de le porter sur grand écran, est tout simplement le contraire.