lundi 25 janvier 2010

| Avis ¦ Que [REC]²-t-il de nos amours ?


[REC]² de Jaume Balaguero et Paco Plaza


Épouvante-horreur, Espagne, 2009, 1H25
Avec Jonathan Mellor, Ferran Terraza, Ariel Casas
Sortie le 23 décembre 2009 


L'objectif : Les autorités viennent de perdre le contact avec les occupants de l'immeuble mis en quarantaine. Personne ne sait vraiment ce qui se passe à l'intérieur. Dehors, le chaos règne... La brigade d'intervention spéciale, équipée de plusieurs caméras et envoyée sur place pour analyser la situation, va devoir affronter une menace bien réelle...


Le subjectif : [REC] premier du nom, c'était la claque visuelle, le gore immersif, les frissons garantis pendant toute la durée du film. [REC] c'était un film choc qui renouvelait le sous-genre de virus, sans s'inquiéter des explications. L'objectif était clair : faire vivre l'action en temps réel au spectateur, le « comme si vous y étiez » pur et simple. Au moment de découvrir [REC]², on a d'abord été rassuré par la nouvelle intrigue : une équipe de policiers investit les lieux du drame, immédiatement après le 1. Caméras aux poings, l'équipe d'intervention peut donc suppléer les journalistes du premier opus. L'effet « subjectif » est donc sauvé. Sauf que, pour faire leur film, les deux copains Jaume Balaguero et Paco Plaza ont décidé d'en faire plus. Et fatalement, d'en faire trop.


Encore une fois, tout commence pourtant bien. Les quatre flics testent leur matos dans le camion qui les conduit sur place. Une caméra principale, et quatre autres sur leur casque. Un type étrange les accompagne, qui est apparemment un scientifique chargé de récupérer une souche du virus pour en faire un vaccin (on imagine). Le film va alors progressivement partir dans une explication presque totale de l'origine de l'épidémie. Rien ne va être oublié, tout va être disséqué. Et le problème, c'est justement la nature de cette explication - beaucoup plus proche de L'Exorciste que de Resident Evil. Du coup, ce qui s'apparentait à un énième film de virus (plutôt excellemment réussi) va devenir d'une part un film de possession, et d'autre part un film de possession assez chiant. Non pas pour le réalisme du film (après tout, la possession n'est pas moins crédible qu'une épidémie zombifique de Grippe A), mais plutôt pour l'action à proprement parler. A trop vouloir expliquer, on perd un peu en réactivité.



Malgré tout, le jeu du civil qui accompagne les flics est très réussi et permet aux protagonistes d'évoluer (et de faire évoluer l'histoire) de façon très stressante. Les flics sont à cran, le type veut trouver le « sang originel » et dans l'histoire, le spectateur a envie de leur gueuler un « barrez-vous! » plus que de circonstance. Comme dans [REC], les zombies sont bien gérés : ils apparaissent rapides et sortent de nulle part, et même si on ne les voit pas trop à cause (ou grâce) à la caméra subjective, leur effet est garanti. Pourtant, deux points négatifs viennent entacher la réussite de cette suite. Tout d'abord, ces créatures réagissent mal aux incantations chrétiennes, ce qui a pour effet de réduire leur dangerosité. Clairement, appliquez-lui un crucifix et le zombie prend la voix de Baboulinet, tout en injuriant votre ascendance en latin. C'est un choix, mais le genre de la possession rend ces créatures (du Diable) trop « humaines ». Étrangement sans doute, mais elles réagissent plus comme des personnes conscientes que dans le premier volet, où les contaminés se ruaient sur les personnes saines. Pour ne pas dire saintes, donc. L'autre défaut concerne encore les créatures. Celles-ci se jettent de nombreuses fois sur les agents du SWAT, pourtant les blessures sont très rares. Alors qu'elles les touchent à coup sûr, aucun n'est blessé, ou presque. Encore une fois, le côté « réaliste » du zombie en prend un coup. Comme s'ils étaient plus inoffensifs.

Vient alors, vers le milieu du film, l'ineptie des réalisateurs. Le mauvais choix, LA connerie. Vous savez comme dans les jeux de courses, quand notre voiture se retourne et qu'une croix rouge ou un gros « Wrong way » vient barrer notre écran. Il faut repartir dans le bon sens pour que cette image désagréable qui ne cache pas totalement l'écran mais qui réduit considérablement la visibilité, ne disparaisse. Et bien Balaguero et Plaza continuent dans cette mauvaise direction. Laquelle est-elle ? Ce serait dévoiler le film que d'en parler ici. Mais il s'agit d'un changement de mode narratif, accompagné de l'introduction de nouveaux protagonistes, que l'on voit sur une des affiches (trois adolescents). Cela aurait pu être utile si ces personnages avaient été importants, or ici ils ne servent à rien si ce n'est de viande fraîche. On reste donc sur notre faim, ce qui est mauvais pour un film de ce genre. Certes, l'immersion dans l'horreur est encore bien présente et le fait de retrouver les lieux, personnages et histoires du premier volet est sympathique. Mais au bout d'un moment, à trop vouloir en raconter, le plaisir de l'instant, le bonheur de la peur instantanée se perd en chemin. Peut-être la retrouvera-t-on dans [REC]³, déjà annoncé. Mais au vu de la fin de [REC]², rien ne pourrait être moins sûr...

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