jeudi 10 mai 2012

| Avis ¦ Dark Shadows, (presque) pas d'ombre au tableau




Dark Shadows, de Tim Burton


Comédie, fantastique, USA, 2012, 1H52
Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Eva Green
Sortie le 9 mai 2012


L'objectif : En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas (Johnny Depp) a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d'Angélique Bouchard (Eva Green). C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…



Le subjectif : Alors qu'il s'expose en ce moment à la cinémathèque française, Tim Burton revient en force dans les salles obscures. Avant l'adaptation de son court métrage d'animation Frankenweenie, programmé le 31 octobre chez nous, et après le succès (commercial) d'Alice au pays des merveilles, qui a récolté plus d'un milliard de dollars de recettes et deux Oscars en 2010, le Californien présente Dark Shadows. Le réalisateur y retrouve un style et un acteur qui le subliment ; Johnny Depp étant une nouvelle fois le personnage principal.


Portage sur grand écran d'une série télévisée de la fin des années 60, Dark Shadows en conserve la recette, à savoir un soap fantastique aux relents comiques. Si l'on ferme les yeux sur un incipit indigeste, qui introduit avec trop de lourdeur l'histoire de Barnabas (Johnny Depp), on ne met d'ailleurs pas longtemps à retrouver ce genre qui convient si bien à Tim Burton, et à son acteur fétiche. Ce dernier illumine l'écran comme son teint blafard les recoins de Colinsport. Transformé en vampire par une sorcière au 18e siècle, il se réveille deux cents ans plus tard, en pleine période "hippie".



Or, cette confrontation entre Barnabas et les "seventies"ne va pas tarder à procurer quelques situations cocasses... Outre sa rencontre avec une poupée troll orangée (photo ci-dessus), le personnage campé par Johnny Depp va tomber sur une enseigne McDonald's, qu'il identifiera à Méphistophélès, ou une lampe à lave rouge, qu'il prendra pour une réserve de sang frais. Bref, la découverte de ce "nouveau monde", et le jeu d'un acteur fidèle à ses meilleures heures, procure à Dark Shadows une atmosphère charmeuse. On se laisse facilement envouter par ce portrait savoureux d'une époque qu'on sait être celle de l'adolescence de Tim Burton.

Femmes de l'ombre

Et inutile de dire que le réalisateur s'est fait plaisir. Revient en mémoire une séquence "musicale" où Barnabas se lamente et s’appuie les bras et la tête sur un synthétiseur, provoquant une mélodie de circonstance ; ou la scène de sexe bestial entre le vampire et Angélique, la sorcière, sur fond de Barry White. Les deux personnages volent dans la pièce, envoyant tout en l'air, à commencer par eux. Johnny Depp lançant à sa plantureuse partenaire, en guise de conclusion savoureuse à ces ébats : "Dans la mort aussi il semble que j'ai un faible pour la chair. En particulier la tienne." Mais qui n'aurait pas ce faible pour Eva Green, aguicheuse en diable dans la peau de l’irrésistible sorcière ?


Elle n'est d'ailleurs pas la seule à attirer le regard des spectateurs, puisque le défilé d'actrices et de personnages féminins est l'autre point fort du film de Tim Burton. Outre Eva Green et Helena Bonham Carter, femme du réalisateur et toujours présente depuis son remake de La planète des singes, Dark Shadows offre à Michelle Pfeiffer un retour au premier plan. Peu en vue depuis Hairspray, la comédienne assure parfaitement son rôle de mère de famille. Tout comme Chloë Moretz, la révélation de Kick-Ass, qui joue une jeune fille rebelle, au poil. Cette actrice a du chien, nul doute qu'on sera amené à la revoir souvent ! Enfin, petit clin d’œil aux fans des deux premières saisons de Skins : l'interprète de Cassie, Hannah Murray, est elle aussi de la partie.

Une partie qui s'achève en apothéose, grâce à un dénouement superbe où défile une véritable galerie de monstres gothiques : vampire, sorcière, et plus si affinités... Sans oublier les parures murales qui s'animent et les tableaux qui prennent vie sous l'impulsion d'une Angélique démoniaque. C'est noir et lumineux, à l'image d'un film drôle et fantastique, qui souffre de très rares défauts. Comme quelques longueurs scénaristiques, ou certaines ellipses tout autant rebutantes (Christopher Lee, en directeur de l'entreprise de pêche, disparait aussi vite qu'il était apparu). L'ensemble est pourtant fort plaisant, et laisse espérer que l'ami Tim Burton laissera de côté les superproductions pour retourner à ses vieilles amours. Forcément sombres et ténébreuses.


La Toxication : "Ugliest woman I've ever seen." * de Barnabas Collins (Johnny Depp), à propos d'Alice Cooper. 

La VF :  "C'est la femme la plus moche que j'ai jamais vu"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...