Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...
La Jungle de Matthieu Delaporte
Comédie, France, 2005, 1H39
Avec Patrick Mille, Guillaume Gallienne, Olivia Magnani
Sortie le 12 juillet 2006
L'histoire : Comment survivre 7 jours, 7 nuits, avec 7 euros dans la Jungle parisienne ?
C'est le pari stupide que vont faire Vincent et Mathias, deux fils-à-papa inséparables depuis l'enfance qui vivent encore aux crochets de leurs parents. Commence alors pour eux une grande aventure au coin de la rue...
C'est le pari stupide que vont faire Vincent et Mathias, deux fils-à-papa inséparables depuis l'enfance qui vivent encore aux crochets de leurs parents. Commence alors pour eux une grande aventure au coin de la rue...
Tout commence par un pari : prouver qu'ils peuvent tenir sept jours et sept nuits dans Paris sans l'aide de personne, avec sept euros. "Ils", ce sont Vincent et Mathias, deux colocataires au crochet de la société, ou plutôt du père du premier. Deux jeunes hommes totalement opposés. L'un flambeur et glandeur, grande gueule et donneur de leçon, qui prend la vie avec cynisme et ironie, sans jamais travailler : c'est Vincent, campé par Patrick Mille, le "Jef" de 99 Francs. L'autre est beaucoup plus mesuré, réservé, timide, il s'écrase derrière l'assurance de son ami et se "cache" derrière ses études longues durées : c'est Mathias, alias Guillaume Gallienne, un second rôle brillant qu'on s’enchante de retrouver au premier plan.
Ce pari, Vincent l'a pris contraint et forcé, sous la pression de ses autres amis, et surtout de son père - joué par Guy Bedos - qui souhaite le mettre à l'épreuve. Sorte de Pékin Express dans la capitale française, La Jungle va alors nous montrer avec un humour frais et déjanté comment ces deux êtres inadaptés à la vie "à la dure" vont y être confrontés. Obligés de rappeler de vieux potes, de voler dans des supermarchés, de dormir dans des boîtes de nuit, de faire la manche ou de renouer désespérément avec leurs ex : Vincent et Mathias vont apprendre malgré eux toutes ces combines honteuses. Et par là même nous faire rire : grâce à des dialogues bien sentis et à un rythme soutenu, La Jungle s'impose parfaitement comme une comédie agréable, à voir et à revoir.
La réussite tient d'ailleurs en grande partie de l'alchimie naturelle qui semble exister entre Vincent et Mathias, alias Mille et Gallienne. Très souvent dans l'ombre d'autres (grands ?) acteurs, ces deux hommes ont l'occasion de s'en donner à cœur joie, chacun dans un registre différent, clairement défini par leur rôle dans le film. Patrick Mille est cynique et vulgaire, il se moque de tout et de tout le monde, jusqu'à son propre ami. Mais ses répliques sont jubilatoires, tout comme son toupet qui frôle souvent l'indécence. De son côté, Guillaume Gallienne joue un homme rabaissé et visiblement en manque de confiance en lui, mais qui reprend peu à peu du poil de la bête dans ce contexte hostile. C'est par son humanité, sa gentillesse et sa simplicité que la survie des deux compères sera possible.
Pas vraiment moralisateur, jamais trop lourd, La Jungle appuie également sa force de farce sur sa légèreté et son comique de situation. Pas étonnant d'ailleurs, quand on sait que le réalisateur, Matthieu Delaporte, est un brillant metteur en scène. On a pu s'en rendre compte il y a quelques semaines, avec le succès de son Prénom. En cela, le désespoir des protagonistes parle souvent de lui-même, et les différentes rencontres qu'ils font durant leur épique semaine dans la rue provoque nombre de confrontations acides. On pense à ce vigile cruciverbiste et adepte du Scrabble, à cette femme qui porte la pancarte "Je suis laide" autour du cou, à la mère de Mathias, jouée par Anémone, à cette artiste-peintre sulfureuse, à ces urgentistes chargés de remettre en place la mâchoire de Vincent, qui se l'était bloquée en... vomissant. Bref, sans autre prétention que provoquer du plaisir et beaucoup de sourires, La Jungle se savoure sans modération. Seul ou entre amis, un samedi soir, bien au chaud dans son salon...
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