mercredi 2 mai 2012

| Avis ¦ La Cabane dans les bois, l'autre maison des idées

La Cabane dans les bois de Drew Goddard


Thriller-horreur, USA, 2012, 1H35
Avec Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchison
Sortie le 2 mai 2012


L'objectif : Cinq amis partent passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n’ont aucune idée du cauchemar qui les y attend, ni de ce que cache vraiment la cabane dans les bois…
Signé par deux maîtres de l’horreur, Joss Whedon et Drew Goddard, voici un film qui réinvente et repousse toutes les conventions du genre. Attendez-vous à découvrir un nouveau niveau de terreur…


Le subjectif : Quand on voit, au cinéma, cinq jeunes gens (une dépravée, un sportif - alias Chris Hemsworth, le Thor d'Avengers, un intello, un fumeur d'herbe et une sainte-nitouche) s'apprêter à passer quelques jours dans une maison abandonnée, au beau milieu de nulle part, on a une impression de déjà-vu. Mais loin de se calquer sur ces codes du slasher américain type, La Cabane dans les bois va s'évertuer à les disséquer, les détourer, les mettre en valeur. L'idée de Joss Whedon (le papa de Buffy contre les vampires, et qui vient d'écrire et réaliser Avengers) et de Drew Goddard, le réalisateur, est de prendre le spectateur par surprise, à rebrousse-poils (de loup-garou, bien sûr), tout en rendant un hommage appuyé (mais teinté de second-degré) à ce type de productions.


Une fabrique de films d'horreur ?

Le "twist", la fausse-route annoncée sur l'affiche et dès la bande-annonce, le chemin mystérieux où veulent nous emmener Whedon et Goddard est d'ailleurs dévoilé quasi immédiatement. Oui, des scientifiques à lunettes et blouses blanches scrutent bien nos cinq jeunes adulescents évoluer dans ladite cabane, qui s'avère être plus un laboratoire d'essais qu'un repaire de film d'horreur. Oui, la bande des cinq - qui fume, boit et se roule des pelle, comme dans tout slasher qui se respecte - a bien pénétré dans un autre piège que celui d'une maison hantée. Mais alors il est là, le fameux intérêt du film ? Peut-être : le spectateur ne se trouverait alors pas devant un film d'horreur, mais devant une fabrique d'horreur.



Toujours est-il que le réalisateur - qui était le scénariste du survendu Cloverfield - met beaucoup d'énergie et de volonté à faire vivre ce projet. Et si, comme attendu, La Cabane dans les bois est une déclaration d'amour à ce genre de films (et à ces films de genre), c'est autant parce qu'il s'avère en être un très bon représentant, que parce qu'il les tourne en dérision. Le résultat, loin d'être barbant car rébarbatif (ce n'est pas un énième remake ou une resucée d'une éternelle saga), est un thriller horrifique avec rebondissements et passages drolatiques bienvenus. Exemple avec Marty (Fran Kranz), le "fou" fumeur de Marie-Jeanne, qui avertit ses compagnons sur le point d'accomplir l'irréparable, c'est-à-dire lire un vieux journal intime : "Je recommande grandement de ne pas insister, et surtout de pas lire le latin."

La cabane, l'arbre et la forêt

Soyons clairs, La Cabane dans les bois n'est pas aussi barré ou drôle qu'un Tucker & Dale, ni même jubilatoire comme [REC]3. C'est un slasher intelligent qui use les codes du genre et qui en profite pour dévier sur quelque chose d'encore plus malin. Il s'agit évidemment de l'envers (enfer ?) du décor, de la révélation, de la raison pour laquelle tous ces binoclards s'activent derrière leurs boutons. Du pourquoi, du comment, de cette idée qui donne au film une autre dimension. Pour autant - et même si ce concept permet à plusieurs de mes fantasmes de prendre vie sur l'écran - ce revirement tant attendu, tant espéré, s'avale difficilement. Comme un cheveu sur la soupe, cette conclusion plus mystique que mythique devient finalement l'arbre qui gâche la forêt. Et la cabane qui allait avec.


La toxitation : "Yes, you had Zombies. But this is Zombie Redneck Torture Family. Entirely separate thing. It's like the difference between an elephant and an elephant seal !" * de Sitterson (Richard Jenkins, ci-dessus)

* La VF : "Des zombies et une famille de zombies grossiers et sadiques, c'est aussi différent qu'un éléphant et un éléphant de mer ! "

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