DieuMerci ! de Lucien Jean-Baptiste
Comédie, France, 1H35
Avec Lucien Jean-Baptiste, Baptiste Lecaplain, Firmine Richard
Sortie le 9 mars 2016
(Festival international du film de comédie de l'Alpe-d'Huez 2016 - Hors-compétition)
L'objectif : À sa sortie de prison, Dieumerci, 44 ans, décide de changer de vie et de suivre son rêve : devenir comédien. Pour y arriver, il s’inscrit à des cours de théâtre qu'il finance par des missions d'intérim. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Son binôme Clément, 22 ans, lui est opposé en tout. Dieumerci va devoir composer avec ce petit "emmerdeur". Il l’accueille dans sa vie précaire faite d'une modeste chambre d'hôtel et de chantiers. Au fil des galères et des répétitions, nos deux héros vont apprendre à se connaître et s’épauler pour tenter d'atteindre l'inaccessible étoile.
Le subjectif : Il y a une dizaine d'années, je découvrais sur la télé de mon papa, canal TPS Cinéstar, la sitcom médicale américaine Scrubs. Le début d'une belle et longue histoire d'amour non seulement avec la série, mais aussi avec ses personnages, leurs interprètes (Zach Braff et Donald Faison pour le duo principal) et, parce que j'ai découvert Scrubs en VF, leurs doubleurs francophones. Adorant les personnages de JD et Turk, j'ai adoré leur version française : elles font partie de moi. Je sais, "la VO c'est mieux", toussa... Mais le travail de doublure voix est un vrai boulot de comédien, et certains sont non seulement très doués, mais nous marquent aussi profondément. C'est donc en regardant Scrubs que j'ai découvert Alexis Tomassian et Lucien Jean-Baptiste, à travers leur voix. Et vous commencez à voir où je veux en venir. Quelques années plus tard, je découvrais au cinéma La Première Étoile, et faisais enfin connaissance avec le visage derrière le talent de Lucien Jean-Baptiste, auteur, réalisateur et acteur. Il y a quelques jours, je l'ai retrouvé pour son troisième long-métrage, inspiré de sa propre expérience : DieuMerci !
L'histoire de Dieumerci, héros du film éponyme, est celle d'un quadragénaire qui, en sortant de prison, et encouragé par un professeur de théâtre, décide de suivre son "rêve de gosse" : devenir comédien. Seulement la vie n'est pas si rose - encore moins pour un ancien taulard sans le sou qui préfère ne pas retourner chez sa mère - et avant d'envisager participer au "Concours des jeunes talents", il lui faudra trouver du travail, un logement pas trop cher, suivre des cours et enfin s'inscrire au concours... Et payer pour tout ça. C'est simple : ça va être très compliqué. Pour ne rien arranger, au début les gens doutent, ils sont moqueurs, sceptiques voire inquiets pour lui. Sa mère (la délicieuse Firmine Richard, qui jouait déjà ce rôle dans La Première Étoile) ne voit pas dans cette soudaine envie un "travail", et quand son fils lui rétorque de lui faire confiance, celle-ci lui répond : "aux Antilles, la confiance c'est le nom d'un bateau qui a coulé !" Il y a aussi son avocat (le génial Michel Jonasz, également un fidèle du réalisateur) qui tente de lui faire changer d'avis, face à toutes les factures à payer, et qui lui explique que ceux qui changent de vie "quittent la finance pour ouvrir un restaurant, ou font du miel en Patagonie." Mais Dieumerci est déterminé à suivre son étoile, à "déterrer ce rêve de gosse du terain vague" qu'est devenue sa vie.
La comédie de Lucien Jean-Baptiste est avant tout touchante, car son histoire l'est. Même si ce n'est pas une exacte autobiographie, on devine en filigrane son véritable parcours, son difficile parcours pour intégrer le microcosme des 6e et 7e art sur le tard, de cours en cours, de concours en concours. Ce n'est pas évident pour un jeune premier, ça l'est encore moins pour un quadragénaire, qui plus est un quadragénaire de couleur. Avec délicatesse, DieuMerci ! aborde aussi la ségrégation raciale - même si ce n'est pas du tout le sujet principal du film. C'est avant tout l'histoire d'une quête, celle d'un homme blessé qui veut se reconstruire, et changer de vie - je n'en dirai pas plus. Avant d'y parvenir et de rencontrer dame Comédie, Dieumerci va croiser d'autres personnages et situations, et ce sont toutes ses pérégrinations - avec sa mère, son avocat, mais aussi dans son nouvel hôtel indien très folklorique ou au cours Ventura (version fictive du cours Florent, qu'a fréquenté le vrai Lucien Jean-Baptiste) - qui vont nous faire rire et sourire.
La plus belle des rencontres, la plus inattendue aussi, est celle de Dieumerci et Clément, apprenti comédien de 22 ans son cadet. Insolent, irresponsable, coureur de jupons, grande gueule et beau parleur, le jeune "fils à papa" est l'exact opposé de Dieumerci, mais va pourtant devoir devenir son partenaire de scène pour le fameux concours. C'est la relation entre les deux hommes qui va créer le sel du long-métrage, avec beaucoup d'humour (Baptiste Lecaplain, qui campe Clément, est hilarant dans la peau de ce type insupportable, au final lui aussi touchant) et de sentiments. Malheureusement, ces sentiments sont trop exacerbés, les larmes étant trop souvent recherchées à mon goût. Les seconds rôles ne sont peut-être pas non plus assez utilisés par le réalisateur, et certains ressors comiques paraissent usés. Qu'importe, DieuMerci ! est une agréable comédie, une très belle leçon de vie et de courage qui donne l'envie et la force de suivre nos rêves, nous aussi. Un film plutôt court mais non dénué de talent dans l'interprétation (quelles leçons de théâtre !), et d'émotion, qu'on imagine sincère. Notamment dans son dénouement, qu'on sait conforme d'une certaine manière à la vie de l'auteur. A l'image de son personnage, Lucien Jean-Baptiste a accompli sa quête, il a suivi l'inaccessible étoile pour retrouver et vivre son rêve de gosse, envers et contre tout. Aujourd'hui il est devenu un brillant comédien, auteur-interprète d'une revigorante histoire. Elle ne sera pas sa dernière étoile.
L'histoire de Dieumerci, héros du film éponyme, est celle d'un quadragénaire qui, en sortant de prison, et encouragé par un professeur de théâtre, décide de suivre son "rêve de gosse" : devenir comédien. Seulement la vie n'est pas si rose - encore moins pour un ancien taulard sans le sou qui préfère ne pas retourner chez sa mère - et avant d'envisager participer au "Concours des jeunes talents", il lui faudra trouver du travail, un logement pas trop cher, suivre des cours et enfin s'inscrire au concours... Et payer pour tout ça. C'est simple : ça va être très compliqué. Pour ne rien arranger, au début les gens doutent, ils sont moqueurs, sceptiques voire inquiets pour lui. Sa mère (la délicieuse Firmine Richard, qui jouait déjà ce rôle dans La Première Étoile) ne voit pas dans cette soudaine envie un "travail", et quand son fils lui rétorque de lui faire confiance, celle-ci lui répond : "aux Antilles, la confiance c'est le nom d'un bateau qui a coulé !" Il y a aussi son avocat (le génial Michel Jonasz, également un fidèle du réalisateur) qui tente de lui faire changer d'avis, face à toutes les factures à payer, et qui lui explique que ceux qui changent de vie "quittent la finance pour ouvrir un restaurant, ou font du miel en Patagonie." Mais Dieumerci est déterminé à suivre son étoile, à "déterrer ce rêve de gosse du terain vague" qu'est devenue sa vie.
Comédie humaine
La comédie de Lucien Jean-Baptiste est avant tout touchante, car son histoire l'est. Même si ce n'est pas une exacte autobiographie, on devine en filigrane son véritable parcours, son difficile parcours pour intégrer le microcosme des 6e et 7e art sur le tard, de cours en cours, de concours en concours. Ce n'est pas évident pour un jeune premier, ça l'est encore moins pour un quadragénaire, qui plus est un quadragénaire de couleur. Avec délicatesse, DieuMerci ! aborde aussi la ségrégation raciale - même si ce n'est pas du tout le sujet principal du film. C'est avant tout l'histoire d'une quête, celle d'un homme blessé qui veut se reconstruire, et changer de vie - je n'en dirai pas plus. Avant d'y parvenir et de rencontrer dame Comédie, Dieumerci va croiser d'autres personnages et situations, et ce sont toutes ses pérégrinations - avec sa mère, son avocat, mais aussi dans son nouvel hôtel indien très folklorique ou au cours Ventura (version fictive du cours Florent, qu'a fréquenté le vrai Lucien Jean-Baptiste) - qui vont nous faire rire et sourire.
La plus belle des rencontres, la plus inattendue aussi, est celle de Dieumerci et Clément, apprenti comédien de 22 ans son cadet. Insolent, irresponsable, coureur de jupons, grande gueule et beau parleur, le jeune "fils à papa" est l'exact opposé de Dieumerci, mais va pourtant devoir devenir son partenaire de scène pour le fameux concours. C'est la relation entre les deux hommes qui va créer le sel du long-métrage, avec beaucoup d'humour (Baptiste Lecaplain, qui campe Clément, est hilarant dans la peau de ce type insupportable, au final lui aussi touchant) et de sentiments. Malheureusement, ces sentiments sont trop exacerbés, les larmes étant trop souvent recherchées à mon goût. Les seconds rôles ne sont peut-être pas non plus assez utilisés par le réalisateur, et certains ressors comiques paraissent usés. Qu'importe, DieuMerci ! est une agréable comédie, une très belle leçon de vie et de courage qui donne l'envie et la force de suivre nos rêves, nous aussi. Un film plutôt court mais non dénué de talent dans l'interprétation (quelles leçons de théâtre !), et d'émotion, qu'on imagine sincère. Notamment dans son dénouement, qu'on sait conforme d'une certaine manière à la vie de l'auteur. A l'image de son personnage, Lucien Jean-Baptiste a accompli sa quête, il a suivi l'inaccessible étoile pour retrouver et vivre son rêve de gosse, envers et contre tout. Aujourd'hui il est devenu un brillant comédien, auteur-interprète d'une revigorante histoire. Elle ne sera pas sa dernière étoile.
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