Midnight Special de Jeff Nichols
Aventure, SF, drame, USA, 2016, 1H51
Avec Michael Shannon, Jaeden Lieberher, Joel Edgerton
Sortie le 16 mars 2016
L'objectif : Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.
Le subjectif : Quand on invoque l'héritage de Steven Spielberg - peut-être le faiseur de film le plus brillant des 40 dernières années -, il existe deux catégories de cinéma. L'hommage appuyé voire revendiqué, souvent présomptueux ou maladroit, pas forcément dénué de talent mais trop intéressé pour devenir intéressant, et l'hommage deviné. Si à la première on peut classer le très pompeux (dans tous les sens du terme) Super 8, du « fils prodigue » J.J. Abrams, la seconde convient parfaitement à toute la filmographie de Jeff Nichols. À 37 ans et en trois films, le natif de Little Rock, dans l’Arkansas, a déjà mis tout le monde d'accord. Shotgun Stories (2007), Take Shelter (2011) et Mud (2012) sont tout simplement devenus des œuvres cultes, et nombreux sont ceux à voir dans sa réalisation la filiation directe et assumée de "papi" Spielberg. Autant dire que la sortie de Midnight Special, premier véritable long-métrage estampillé SF du réalisateur, était attendue. Je n’ai pas été déçu.
L’action débute rapidement, sans attendre. Le contexte nous est expliqué astucieusement, sans palabres. Dans une chambre de motel, un petit poste de télé diffuse le journal qui fait état de la disparition d’un garçon de 8 ans. La caméra balaie la pièce, occupée par deux hommes vraisemblablement inquiets ou stressés, en tout cas préoccupés. On découvre aussi un enfant, probablement âgé de 8 ans. Il s’agit d’Alton, de son père Roy et de son ami Lucas. Le trio ne tarde pas à prendre la route, et le film déroule avec énergie son histoire, en même temps que leur « muscle car » perfore la nuit noire. Roy emmène son fils loin du « ranch » - une sorte de secte qui a érigé Alton en sauveur de l’espèce humaine. Les fanatiques et leur gourou ne sont pas les seuls à partir sur les traces de cet enfant aux talents étranges et extraordinaires. Armée, FBI, CIA et NSA veulent eux aussi retrouver Alton qu’ils accusent d’avoir violé des secrets d’État. Voici donc nos trois héros pourchassés par les sbires du « ranch » et par les plus hautes instances américaines, avec à leur tête l’agent Sevier, de la NSA.
Entre road-movie (souvent) haletant, film d’aventure et science-fiction, Midnight Special se déguste avec plaisir, les yeux (et la bouche) grands ouverts. On est intrigué par cet enfant, impatient d’en apprendre davantage sur son passé, sur ses pouvoirs, sur son destin, qui semble lié – pour ses poursuivants en tout cas – à celui de l’humanité. Le rythme n’est pas toujours fou (et c’est tant mieux), mais les rebondissements sont suffisamment présents pour maintenir le spectateur en alerte. C’est captivant, c’est enthousiasmant, et c’est humain, aussi. Car outre son action, l’histoire que nous conte Jeff Nichols est digne de son cinéma comme des influences évoquées plus haut. Il y a dans ce quatrième long-métrage tous les thèmes chers au réalisateur (la famille et la foi, notamment), mais aussi beaucoup de l’ADN des grandes aventures SF des années 80. Il suffit de remplacer Roy, Lucas et les autres amis d’Alton par une bande d’enfants courageux, pour retrouver un peu E.T. de Spielberg. Dans celui-là comme dans Midnight Special, l’union et l’entraide sont de mise, et plus forts que tout, pour permettre à un petit être mystérieux d’accomplir son fabuleux destin.
Ce petit être, dans le film de Jeff Nichols, est joué par le jeune Jaeden Lieberher. L’adolescent, aperçu dans le génial St Vincent aux côtés du géant Bill Murray, y est fascinant. Mais plus que la composition (très sobre) de cet enfant aux yeux de lumière, c'est la relation dramatique qu’il entretient avec son père (Michael Shannon, fidèle du réalisateur) et sa mère (Kirsten Dunst, extrêmement touchante), métaphore à peine cachée de la séparation inévitable qui attend chaque couple parents-enfant, qui est clairement le plus bel atout du film. Si la partition jouée par chacun de ces trois acteurs est à la hauteur, les autres ne sont pas en reste : Joel Edgerton, qui joue l’ami fidèle du père d’Alton prêt à tout sacrifier pour aider l’enfant, et Adam Driver (Kylo Ren de Star Wars VII), l’agent de la NSA, sont bluffants. Tout comme la bande originale et tout ce qui compose Midnight Special, en somme. Tout, si l’on excepte l’émotion, en retrait par rapport à celle provoquée par ses « modèles ». Car si Jeff Nichols a tout du Steven Spielberg d'aujourd'hui et de demain, jusque dans ses sujets, il lui manque encore à toucher en plein cœur le spectateur, à l’émerveiller. Ce qu’on appelle l’exception qui confirme la règle ?
L’action débute rapidement, sans attendre. Le contexte nous est expliqué astucieusement, sans palabres. Dans une chambre de motel, un petit poste de télé diffuse le journal qui fait état de la disparition d’un garçon de 8 ans. La caméra balaie la pièce, occupée par deux hommes vraisemblablement inquiets ou stressés, en tout cas préoccupés. On découvre aussi un enfant, probablement âgé de 8 ans. Il s’agit d’Alton, de son père Roy et de son ami Lucas. Le trio ne tarde pas à prendre la route, et le film déroule avec énergie son histoire, en même temps que leur « muscle car » perfore la nuit noire. Roy emmène son fils loin du « ranch » - une sorte de secte qui a érigé Alton en sauveur de l’espèce humaine. Les fanatiques et leur gourou ne sont pas les seuls à partir sur les traces de cet enfant aux talents étranges et extraordinaires. Armée, FBI, CIA et NSA veulent eux aussi retrouver Alton qu’ils accusent d’avoir violé des secrets d’État. Voici donc nos trois héros pourchassés par les sbires du « ranch » et par les plus hautes instances américaines, avec à leur tête l’agent Sevier, de la NSA.
Comme un enfant aux yeux de lumière
Entre road-movie (souvent) haletant, film d’aventure et science-fiction, Midnight Special se déguste avec plaisir, les yeux (et la bouche) grands ouverts. On est intrigué par cet enfant, impatient d’en apprendre davantage sur son passé, sur ses pouvoirs, sur son destin, qui semble lié – pour ses poursuivants en tout cas – à celui de l’humanité. Le rythme n’est pas toujours fou (et c’est tant mieux), mais les rebondissements sont suffisamment présents pour maintenir le spectateur en alerte. C’est captivant, c’est enthousiasmant, et c’est humain, aussi. Car outre son action, l’histoire que nous conte Jeff Nichols est digne de son cinéma comme des influences évoquées plus haut. Il y a dans ce quatrième long-métrage tous les thèmes chers au réalisateur (la famille et la foi, notamment), mais aussi beaucoup de l’ADN des grandes aventures SF des années 80. Il suffit de remplacer Roy, Lucas et les autres amis d’Alton par une bande d’enfants courageux, pour retrouver un peu E.T. de Spielberg. Dans celui-là comme dans Midnight Special, l’union et l’entraide sont de mise, et plus forts que tout, pour permettre à un petit être mystérieux d’accomplir son fabuleux destin.
Ce petit être, dans le film de Jeff Nichols, est joué par le jeune Jaeden Lieberher. L’adolescent, aperçu dans le génial St Vincent aux côtés du géant Bill Murray, y est fascinant. Mais plus que la composition (très sobre) de cet enfant aux yeux de lumière, c'est la relation dramatique qu’il entretient avec son père (Michael Shannon, fidèle du réalisateur) et sa mère (Kirsten Dunst, extrêmement touchante), métaphore à peine cachée de la séparation inévitable qui attend chaque couple parents-enfant, qui est clairement le plus bel atout du film. Si la partition jouée par chacun de ces trois acteurs est à la hauteur, les autres ne sont pas en reste : Joel Edgerton, qui joue l’ami fidèle du père d’Alton prêt à tout sacrifier pour aider l’enfant, et Adam Driver (Kylo Ren de Star Wars VII), l’agent de la NSA, sont bluffants. Tout comme la bande originale et tout ce qui compose Midnight Special, en somme. Tout, si l’on excepte l’émotion, en retrait par rapport à celle provoquée par ses « modèles ». Car si Jeff Nichols a tout du Steven Spielberg d'aujourd'hui et de demain, jusque dans ses sujets, il lui manque encore à toucher en plein cœur le spectateur, à l’émerveiller. Ce qu’on appelle l’exception qui confirme la règle ?
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