samedi 12 mars 2016

| Saturday Fight Fever ¦ Grabbers / Attack the Block

Après de longs mois d'absence et pour la sixième édition du Saturday Fight Fever, je profite du récent ajout sur Netflix de la comédie SF horrifique britannique Grabbers de Jon Wright, pour parler, enfin, d'une autre pépite du genre : Attack the Block de Joe Cornish, sortie en 2010.

Crouch, touch, pause... ENGAGE !

 






Grabbers
de Jon Wright
Comédie, SF, épouvante-horreur, UK-Irlande, 2012, 1H30
Avec Richard Coyle, Ruth Bradley, Russell Tovey
Sortie le 1er janvier 2013 en DVD
Attack the Block
de Joe Cornish
Action, SF, épouvante-horreur, UK, 2011, 1H28
Avec Nick Frost, Jodie Whittaker, John Boyega
Sortie le 20 juillet 2011

Le projet


Un film britannique mêlant horreur et humour, envahisseurs et cul-terreux, ça vous dit quelque chose ? Pas étonnant, puisque le pitch de départ de Grabbers est un hommage très appuyé aux Shaun of the Dead, Hot Fuzz ou encore Lesbian Vampire Killers, qui doivent très certainement remplir vos armoires à DVD si tant est que vous aimiez ces séries Z foutraques mais sincères. Rien de nouveau sous le ciel couvert de Grande-Bretagne, donc, mais une comédie parodique sanguinolente de plus est toujours bonne à prendre, et voilà notre intérêt qui est immédiatement relancé. D'autant que depuis le mois dernier le film est dispo sur Netflix... 

Un an avant Grabbers, le réalisateur Joe Cornish a lui aussi voulu rendre hommage aux comédies horrifiques anglaises - et notamment à celles du duo Simon Pegg-Nick Frost. Détail amusant, l'Anglais a joué à l'acteur dans Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Autre détail beaucoup plus intéressant, son idée "innovante" pour Attack the Block était de mettre aux prises des aliens et des jeunes de cité. Un affrontement surprenant de plus, mais celui-là était plutôt intéressant, puisqu'il mettait de côté le décalage créé par les campagnes anglaises (ou des Antipodes, comme dans les séries Z Black Sheep ou Undead, par exemple). Aidé au casting par Nick Frost himself, le film avait donc pas mal d'atouts pour se créer une bonne côte de popularité.

Courte victoire pour Attack the Block qui mise sur un environnement presque inédit : les barres HLM pour accueillir nos bons vieux extraterrestres. Qui plus est avec Nick Frost en gros fumeur d'herbe, voilà 4 seringues bien méritées pour le film de Joe Cornish !


L'histoire

 

Un peu comme dans Hot Fuzz, Grabbers commence par l'arrivée dans une contrée reculée - le charmant petit village côtier d'Erin Island - d'une inspectrice de la "Garda", la police nationale irlandaise, venue tout droit de la capitale. Sans surprise, Jon Wright nous prépare un choc des cultures entre cette enquêtrice sérieuse voire coincée, habituée au grand-banditisme, et son homologue local, branleur sur les bords, plus abonné à la boisson qu'aux missions. Rajoutez à cela d'étranges créatures débarquées tout droit de l'espace, aux tentacules et à l’appétit gargantuesques, ainsi qu'une faune locale particulièrement alcoolisée, et vous obtenez un bon petit scénario prometteur, capable de procurer frissons et éclats de rire.

Attack the Block c'est l'histoire d'une traque survitaminée entre des aliens assoiffés autant de sang humain que de vengeance, et des petites frappes de banlieue qui ont accidentellement déclenchée une guerre extraterrestre, en plein cœur d'une cité londonienne. Là encore, il y a choc culturel puisque sont également ajoutés à cette équation des méchants dealers, un fumeur d'herbe débonnaire, bedonnant et bidonnant, et une infirmière qui se retrouve mêlée au groupe des jeunes délinquants après en avoir été la victime. Le récit est bien ficelé et assez original, grâce à beaucoup d'antagonisme dans les personnages, comme souvent dans ce genre de cinéma.

Plus que l'originalité, ces deux histoires font plutôt dans l'efficacité. Dès les premières minutes, on sent que l'on va passer un très bon moment de SF. Et on n'est pas déçu, accroché jusqu'au bout. Match nul, 4 seringues pour les deux films !



Les acteurs

 

Au casting de Grabbers, on ne retrouve pas de visages connus - hormis peut-être Russell Tovey, qui interprète le Dr Adam Smith spécialiste de l'écologie marine, et qui était le loup-garou de la version anglaise de la série Being Human. Peu connus ne signifie pas mauvais pour autant : les acteurs sont plutôt bons, convaincant même lorsqu'il s'agit de jouer des personnages complètement ivres - ce qui arrive souvent dans Grabbers, j'y reviendrai. Cela sonne irlandais et juste, parfait pour ce genre de film sans grande prétention qui met néanmoins ses acteurs face à des monstres le plus souvent animés en post-production.


Le cas de figure est différent pour le film de Joe Cornish, puisque le réalisateur londonien a choisi une bande de héros jeunes - voire très jeunes. Peu d'entre eux étaient donc connus au moment de la sortie d'Attack the Block. Aujourd'hui, vous connaissez certainement John Boyega, qui campait le leader de la bande : il est devenu Finn, un des nouveaux héros de la saga Star Wars. Un de ses camarades s'est lui aussi distingué : Franz Drameh est le nouveau Firestorm depuis la saison 2 de The Flash. A leurs côtés, l'excellent Nick Frost, qui incarne son personnage de protecteur-branleur à la perfection, et Jodie Whittaker, l'infirmière agressée, qu'on a retrouvé dans l'excellente série anglaise Broadchurch. Bref, du très très bon !


Des acteurs peu connus des deux côtés, mais pas pour les mêmes raisons. Au final, deux très bons castings qui sonnent évidemment anglais - et ça fait toujours du bien aux oreilles. Encore un match nul 4 seringues partout !


Les aliens

 

Tombés du ciel, les monstres tentaculaires de Grabbers commencent par attaquer deux pauvres pêcheurs, avant de sévir sur la terre ferme - mais jamais trop loin de l'eau. Le liquide qui recouvre presque les 3/4 de notre Terre est effectivement un élément indispensable à leur survie, au même titre que... notre sang ! Les aliens se présentent sous deux formes : une très très grosse, dotée de tentacules gigantesques : le mâle, et une autre plus petite mais tout aussi coriace et qui pond ses œufs sur la plage : la femelle. Les deux sont connectés et les humains, interférant malgré eux entre ces deux créatures, vont vite s'en apercevoir. Comme ils vont s'apercevoir que son point faible est lié au faible que peuvent avoir certains Terriens pour la boisson... D'un point de vue visuel, c'est une excellente surprise. Même si les apparitions ont souvent lieu de nuit et sous la pluie, l'animation des monstres est dynamique, et ne fait jamais penser à un petit budget.

C'est un des points forts d'Attack the Block, le bestiaire extraterrestre ne ressemble à aucun autre. Premier point, s'ils font vrais c'est qu'ils le sont : le réalisateur a en effet choisi de ne pas utiliser d'effets spéciaux numériques pour les animer. Ensuite, l'aspect effroyable des plus costauds - pelage "noir ultra", tout en fourrure et en griffes, sans yeux mais avec des crocs bleus phosphorescents - en fait des aliens fascinants. Ajoutez à tout ça une façon de se déplacer entre le loup et le gorille (je n'invente rien, ils sont surnommés "gorilla wolf") et des cris caractéristiques, et vous obtenez des monstres parmi les plus formidables que le cinéma ait jamais créé. Rien que ça ! Là aussi, il y a le mâle et la femelle, et là aussi, cela aura son importance sur le déroulement de l'histoire. C'est malin, c'est superbement bien animé, c'est flippant voire carrément gore par moment : tout bon !

Le niveau est vraiment relevé entre un monstre gluant immense et destructeur, et de terrifiants loups-gorilles de l'espace qui vont vous faire froid dans le dos ! J'accorde toutefois une seringue de plus au formidable travail de l'équipe d'Attack the Block. 5 seringues à 4 !


La critique


Troisième long-métrage de Jon Wright, Grabbers fait partie de ces films qui se laissent facilement regarder. Parfait pour un film du samedi soir, par exemple... J'ai toutefois remarqué une image étonnamment et excessivement sur-exposée, comme si un halo de lumière ou un filtre était venu s'attacher à la pellicule - le problème vient peut-être de la plate-forme. Autre léger soucis à mon goût : le manque de rythme de la première partie du film, notamment à cause d'un changement incessant de scènes. On passe d'une situation à une autre, d'une "intrigue" à une autre, et il faut un moment avant que le film ne trouve son rythme de croisière, qu'il arrive à nous agripper - à l'image de sa créature aux multiples tentacules. Cela dit, une fois lancé Grabbers remplit parfaitement sa mission, entre scènes d'action et instants décalés voire carrément délirants, comédie horrifique britannique oblige. On passe un excellent moment, c'est l'essentiel.

Un excellent moment, on en passe également devant l'autre film de ce Saturday Fight Fever. Bourré d'action, de bonnes idées, et de talents confirmés ou en devenir, Attack the Block est une comédie sombre qui tutoie l'horreur, et une excellent surprise. Le futur co-scénariste de Tintin et d'Ant-Man signe un divertissement original et énergique, aux personnages attachants et aux monstres incroyablement charismatiques. Fraîcheur, inventivité et talent pour un ensemble cohérent et vraiment agréable à regarder, drôle et sanglant par moments, toujours sincère et survitaminé, le premier long-métrage de Joe Cornish est devenu, au même titre qu'un Shaun of the Dead, un classique du genre. Du cinéma de genre.

Victoire une fois de plus pour Attack the Block, qui se démarque dans tous les domaines. Quatre seringues, contre trois !




Le verdict


Hommage autant aux comédies anglaises d'horreur (vous l'aurez compris), qu'au cinéma de genre des années 80 - de l'aveu même du réalisateur - et notamment de celui de John Carpenter, Attack the Block peut se savourer de multiples façons. SF, action, épouvante-horreur, comédie... Grâce à des héros drôles et atypiques (mettre en scène des mauvais garçons des cités, que l'on compare volontiers à des monstres cruels, face à de véritables monstres... il fallait oser !), à une énergie débordante et des acteurs inspirés, sans oublier des aliens qui resteront dans les annales, Attack the Block est un film culte. Un statut que n'atteint peut-être pas Grabbers, mais je vous conseille toutefois, un soir de désert télévisuel - pourquoi pas ce samedi soir ? - de regarder le film de Jon Wright. Quoiqu'il en soit, à très bientôt pour une nouvelle critique, ou un prochain combat fiévreux du... samedi soir !


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