Le Film du samedi soir, c'est une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée, une sortie directe en DVD... Voire aussi, et c'est pas incompatible avec le reste, un long-métrage dispo sur Netflix. Bref, un film que je vous conseille et vous recommande chaudement. Aujourd'hui, on est samedi, et le film de ce samedi soir est :
Dope de Rick Famuyiwa
Avec Shameik Moore, Tony Revolori, Kiersey Clemons
Sortie le 4 novembre 2015 au ciné et le 23 mars 2016 en DVD
(Cannes 2015 - Quinzaine des réalisateurs : film de clôture)
L'histoire : Malcom fait tout pour survivre dans un quartier chaud du sud de Los Angeles, jonglant entre inscriptions et entretiens pour entrer à l’université. Une invitation à une soirée underground va l’entrainer dans une aventure qui pourrait bien le faire passer du statut de « geek » à celui de mec cool, un « dope », pour finalement être lui-même.
(Cannes 2015 - Quinzaine des réalisateurs : film de clôture)
L'histoire : Malcom fait tout pour survivre dans un quartier chaud du sud de Los Angeles, jonglant entre inscriptions et entretiens pour entrer à l’université. Une invitation à une soirée underground va l’entrainer dans une aventure qui pourrait bien le faire passer du statut de « geek » à celui de mec cool, un « dope », pour finalement être lui-même.
Pour le 2e Film du samedi soir de l'année, je vais légèrement "casser les codes". Aujourd'hui, pas de vieillerie, d'exclu Netflix ou de "Direct to DVD". Le long-métrage dont je vais vous parler est bien sorti en salles, le 4 novembre dernier, mais est passé inaperçu : il a accumulé péniblement moins de 40 000 entrées en France, alors qu'il a dépassé les 14 millions de $ de recettes aux États-Unis (pour un budget de 700 000). C'est donc pour réparer cette injustice française et parce que le film, déjà dispo en VOD, sort mercredi en DVD, que je suis heureux de vous présenter Dope. Sensation du festival de Sundance 2015, où il a glané le Prix spécial du jury pour son montage, puis Prix du public à Deauville en septembre dernier, le long-métrage de Rick Famuyiwa est (surtout) mon gros coup de cœur de la Quinzaine des réalisateurs 2015. Tragi-comédie américaine sur fond de "dope" et de hip-hop, produite par Pharell Williams et Forest Whitaker, Dope intègre facilement le classement des films les plus cools et pétillants de tous les temps. Vous êtes prévenus !
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| Jib, Diggy et Malcolm |
Son histoire est celle de Malcolm, un jeune "geek" sur le point de devenir un mec cool, un "dope", à Inglewood, située dans la banlieue difficile de Los Angeles. Complexe, atypique, antinomique, le jeune homme est la personnification incarnée de la lutte contre les stéréotypes, ce qui lui attire souvent des ennuis. Le narrateur nous explique qu'avec ses deux meilleurs amis Dig et Jib, Malcolm aime les trucs de blancs (les mangas, le skate et le BMX), écoute des trucs de blancs, et fait des trucs de blancs, comme étudier fort pour être admis à l'université, ou jouer du punk-rock. Alors que ses espoirs d'intégrer Harvard et la musique de son groupe Awreeoh ne souffrent d'aucune fausse note, les choses vont pourtant commencer à dérailler. Tout va partir en sucette à cause d'un "banal" racket de basket puis d'une soirée, même si, comme c'est souvent le cas au cinéma, la présence dans l'équation d'une jolie jeune fille, déjà prise, va accélérer les galères. Rapidement, Malcolm va se trouver hors de sa zone de confort - si tant est qu'elle existe dans la jungle urbaine qu'est Inglewood -, se trouvant confronté à une faune inhospitalière, faite de gangs, de dealers et autres toxico... Les jeunes nerds n'auront pas le temps de s'ennuyer, le spectateur non plus !
Le nerd de la guerre
La mise en scène est au diapason de cette histoire rocambolesque, à la fois stylisée et audacieuse. C'est frais et rafraîchissant, et surtout original. Dope parle de jeunesse et de modernité, et les matérialise à l'écran : bitcoins, dark web et réseaux sociaux côtoient ainsi les plus habituels "sexe, drogue et rock'n'roll". C'est la croisée de ces deux mondes qui est mis en boîte, de très belle manière. Pour servir cette histoire fun, extravertie et rythmée à souhait, et pour incarner cette jeunesse, Dope bénéficie d'un casting très prometteur. Inconnu ou presque (Tony Revolori, qui campe Jib, était Zéro Mustafa dans The Grand Budapest Hotel), le trio d'acteurs interprétant les trois héros est parfait, et nul doute qu'il faudra dorénavant suivre leurs carrières. A leurs côté on retrouve Zoë Kravitz (la fille de) dans la peau de Nakia, la donzelle à conquérir, le rappeur A$ap Rocky, qui joue Dom, chef d'un gang, et même Forest Whitaker, qui prête sa voix au narrateur. Leurs personnages et les autres seconds rôles apportent énormément au film, en terme de profondeur et d'humour - mention spéciale pour les deux enfants d'AJ : l'apprenti gros dur et la dévergondée, et pour William, l'ami hacker-dealer du trio.
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| L'équipe de Dope |
S'il est un protagoniste qui supplante pourtant tous les autres, c'est bien la musique. Inconditionnels du hip-hop des années 90, Malcolm et ses amis émerveillent autant nos yeux avec leurs tenues, que la bande-son du film "enjaille" nos oreilles. Pas étonnant quand on sait que Pharell Williams est à la baguette. La BO accueille ainsi quelques uns des plus grands artisans de "l'âge d'or du hip-hop", comme Nas, A Tribe Called Quest, Naughty By Nature, Public Enemy ou Digital Underground (et sa frétillante "Humpty Dance"), sans oublier d'autres artistes différents par leur genre (Korn) ou leur époque (Gil-Scott Heron, Santigold ou LOLAWOLF, groupe de Zoë Kravitz). L'apogée de cette anthologie musicale restant les quatre morceaux originaux créés pour l'occasion par Pharell, et interprétés par les trois acteurs principaux, à travers leur groupe Awreeoh. Sorte de N.E.R.D. aux textes plus en phase avec les préoccupations de lycéens de banlieue, le trio et ses compositions sont un vrai régal, et une raison de plus de découvrir ce film sans plus attendre !
Il me reste un paragraphe pour vous convaincre. Dope est l'histoire d'un jeune homme qui n'est pas à sa place, coincé entre qui il est vraiment et la perception qu'on a de lui, entre les catégories et les définitions. Rick Famuyiwa nous parle d'être et de paraître, d'apparences trompeuses et de stéréotypes à bousculer. Dope est énergisant, revitalisant, il joue avec les clichés pour mieux toucher son but, sensibiliser et ouvrir les yeux sur ces tares que sont le racisme et la ségrégation. Bien sûr, Dope est une comédie, mais avec ses airs de ne pas y toucher, cette comédie-là diffuse un message à la fois important et optimiste : il nous rappelle que la différence peut et doit être une force, et non une faiblesse. A travers son dénouement, où Malcolm s'exprime face caméra et où son discours est autant destiné aux spectateurs qu'au comité d'admission d'Harvard, Rick Famuyiwa offre à son magnifique film un supplément d'âme et une force "socio-morale" que l'on n'aurait pu souhaiter ou imaginer. Grâce à ça, et à tout le reste (fraîcheur de l'interprétation et de la mise en scène, BO à tomber, histoire passionnante, humour de tous les instants), Dope s'impose comme une pépite à ne surtout pas laisser passer.
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